Un Mur Infini dans l'Espaaaaace

Sujet: Re: Un Mur Infini dans l'Espaaaaace Mar 02 Oct 2007, 22:32

Jagged réagit fort mal à la façon dont Firmïn le fit se déplacer ; non qu'il s'offusquât de cette méthode un peu directive, mais ce fut plutôt son interaction avec le monde physique. Au bout d'un mètre à peine parcouru sous l'emprise de la volonté du triste seigneur, Jagged et son animal tombèrent. En ce qui concernait le cheval, la chute trop mal orientée pour une bête si fragile lui brisa les os. Jagged, quant à lui, se rétablit promptement, laissant pousser derrière lui un sillage de fleurs multicolores. Puis, sans regretter le moins du monde la perte de son cheval encore agonisant, il porta son regard à l'horizon, mettant sa main en visière pour voir plus loin encore. Mais dans un tel endroit, l'horizon était fort difficile à discerner de façon distincte. Il abandonna alors son geste pour regarder à une distance plus raisonnable, acquiescant avec un air savant aux dires de 4i@.

- Certes, ce que vous avancez est fort vrai, robot ; ils ont l'air réellement sympathiques. Allons donc leur rendre visite.

Invité

Sympathique ? Il avait dit sympathique ? Le diable emporte ces deux oiseaux de malheur, qu’il faudrait plumer et cuir encore et encore ! A ce propos, Firmïn se demanda si créer une sorte de diable ne serait pas une chose divertissante, en Uto… Ou peut-être envahir la Terre avec une armée de diables, peut-être jouer aux échecs grandeur nature avec Jagged, qui ne manquerait pas de trouver ça « sympathique ». Enfoiré de ro… de… De Jagged.

-Et bien allons-y, sieurs loin-voyant… L’aventure en est décidément palpitante.

Puis il cracha rageusement par terre, comme pour se contredire lui-même, et jura silencieusement. Il ne voyait pas pourquoi ses deux « compagnons » avaient besoin de lui pour visiter une ville et trouver des informations, mais il valait mieux les suivre. Dans l’optique où il faudrait remodeler l’univers qu’était l’Uto après leur passage, autant être conscient des tâches à accomplir prochainement en ne les lâchant pas d’une semelle. Aussi Firmïn s’enveloppa-t-il d’un voile de brume qui une fois dissipé le fit apparaître comme l’un des habitants de cette fameuse ville. Sa cape fut rallongée et ses vêtements métallisés.

-Tâchez donc de percer votre foutu champ magnétique et de me trouver votre porte de sortie. Le plus tôt sera le mieux, robot.

Enfoiré…

Il fallut à 4i@ dépenser beaucoup de sous-unités de type oméga-trois, interprétables comme de la concentration, pour comprendre le langage des habitants de cette partie de l'Uto qu'ils avaient eux-mêmes nommés Goldling. Puis un petit compartiment bascula dans la carlingue du robot ; en sortirent deux pilules.

- Ce sont des pilules de traduction, expliqua 4i@. Elles vous permettront de parler librement avec ces Utochtones.

Puis, vêtus de leur nouvelle apparence, ils se mirent à marcher en direction de la ville.

- Le cauchemar est bientôt terminé, Seigneur. Je sens qu'ici nous allons trouver ce que nous cherchons.

- Quelle beauté ! s'exclama Jagged dans la langue locale.

L'entrée de la ville était dans un style monumentaliste équivalent à celui de la Terre au deux cent quinzième millénaire. Grandes tours de métal blanc et or, dôme de protection bleuté, et l'on voyait au loin - probablement au centre de la ville - un édifice de plusieurs kilomètres de haut, s'élevant tel un éclair rutilant.

A l'entrée du dôme, deux gardiens immenses - ils devaient mesurer dix mètres de haut, et leurs armes pouvaient lancer des rayons laser larges comme la tête - les saluèrent puis les laissèrent entrer. Jagged les observa de près, du moins jusqu'aux genoux, et poussa un cri ahuri.

- Cet endroit est plus beau que la plupart des musées que j'ai eu l'occasion de visiter. Je vais probablement faire une exposition une fois revenu sur Terre. J'y mettrai quelques géants de ce style. Je pense que ça fera très bien.

Invité

Beau ? Musées ? Firmïn regarda un moment la pilule sortie d'on ne sait où à l'intérieur du robot et fronça les sourcils. Il la sonda mentallement, annalysant les propriétés sans que cela ne soit vraiment expliquable physiquement et l'avala. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire... Le dôme était passé, les gardiens -devant lesquels le seigneur d'Uto haussa les épaules- étaient déjà derrière. Les habitants de la ville marchaient à présent tout autour des trois intrus.

-Génial, Jagged, génial. 4i@, où nous menez-vous ? Avez vous au moins une idée du lieu où pourrait se trouver votre sortie ? Je ne vais pas vagabonder dans tout Uto, qui d'ailleurs est infini, sous prétexte qu'un cerveau-de-feraille aimerait faire un tour. Vous devez sortir d'ici, l'un comme l'autre, c'est un impératif, pas un choix.

Comme pour appuyer ses paroles, Firmïn fit apparaître une arme locale dans sa main droite. L'arme était une sorte de pistolet très épais mais très court, et dont une sorte de batterie était installée sur l'épaule, reliée à l'arme par un tuyau blanc. Il appartenait maintenant à ce qu'il avait analysé comme la caste des guerriers de ce peuple surprenant, du moins aux yeux de celui-ci. Bien que l'arme n'ait aucune utilité face à des puissances comme Jagged ou 4i@, Firmïn le pointa vers eux dans un air de défi presque plaisantin. Presque. Puis il s'amusa à jurer dans cette nouvelle langue, ce qui donna 442stren{, Ft6eEe ou encore ""3#, ce qui fit se retourner quelques passants surpris.

- dml ml665edsd [[( dwk25qsqz6, dit 4i@ dans la langue locale. {iiii>jsq°°°d qsdFerttkk. L'endroit où nous cherchons une faille me mènera tout droit dans l'Univers ; vous n'aurez plus qu'à repartir ensuite. Mais j'ai besoin de votre aide d'ici là. Pour faire face aux éventuels dangers que vous seuls connaissez. Mais il me semble de plus en plus qu'ici le seul danger, c'est vous...

4i@, en effet, s'était totalement immobilisé lorsque ce petit homme avait fait apparaître son arme. Pourquoi ? Parce que maintenant tous les soldats du coin braquaient leur arme sur eux. 4i@ n'avait pas non plus peur de ça. C'était la vie de ces soldats qui était désormais en danger. Continuant à parler dans la langue que seuls les Terriens pouvaient comprendre, 4i@ s'expliqua, cherchant l'appui de Jagged :

- Nous avions juste à nous y rendre tranquillement, à pied, et maintenant nous allons devoir massacrer tous ces gens pour qu'ils nous laissent passer. Trouvez-vous réellement cela amusant, Firmïn des Valombres ?

La voix d'hôtesse de gare soupira. Puis le robot sortit ses armes.

Réagissant au signal lancé par 4i@, Jagged dégaina lui aussi ; malgré le fait qu'il n'ait que son épée, celle-ci était effrayante, et il était trop rapide pour que les tirs ne le touchent. Il pensait que 4i@n'avait pas compris ce que disait Firmïn : le Seigneur de l'Uto venait de mettre ces soldats sous ses ordres. Enfin un peu de piment dans cette aventure...

- Vraiment, Firmïn... Vous gâchez tout. Je n'imaginais pas cela de votre part. Mais ça me rappelle ces histoires d'espionnage en deux dimensions du vingtième siècle que j'y ai vus lorsque je l'ai visité. Dans ces histoires, on ne savait pas vraiment qui était dans quel camp, car il y avait toujours des camps. Et bien que j'aie l'intuition forte que vous ne comprenez pas du tout à quoi je fais allusion, je peux vous assurer que la situation est tout à fait similaire.

Après tout, libre à Firmïn de massacrer - ou de faire massacrer - les gens de son peuple. Avant que quiconque puisse réagir, Jagged se rua parmi les soldats et, d'un large coup de son épée démoniaque, en tailla trois. Ces derniers tombèrent, hurlants et sanglants, coupés en deux. Et ça ne faisait que commencer.

- Ne vous inquiétez pas, robot voyageur ! Avec moi, votre mission sera menée à bien.

Invité

Des malades, c'étaient des malades... Jagged avait déjà tranché dans le vif du sujet, comme il lui aurait surement plu de le formuler ainsi. 4i@ avait sorti ses armes, et cela le rendait soudainement moins pathétique, bien que toujours aussi détestable. Firmïn enclencha mentalement son arme, pour en vérifier l'efficacité, et fut surpris par la chaleur propagée. Un rayon concentré d'une dizaine de centimètres de diamètre s'élança en un éclair et traversa sans ralentir deux hommes, qui ne purent que contempler, surpris, un trou béant en plein milieu de leur torse. L'instant d'après les voyait couiner alors que la plaie suintait d'un sang bleu. Ce sang qui vint se mêler à leur apparence métalique, pour un subtile et sauvage mélange visuel qui marqua Firmïn.

Le seigneur de l'Uto tapa du pied sur le sol et cela suffit à l'envoyer dans les airs, évitant de la même façon quatre rayons de chaleur. Il fit feu à nouveau et plusieurs tirs transpercèrent les hommes de la cité. Puis, lassé de cette arme à l'effet répétitif, Firmïn fit apparaitre dans sa main une hache de guerre du type du XIVem siècle -car il avait plus que bien étudié ces periodes sombres des premières ères humaines- avant de retomber légerement sur le sol. La mêlée s'intensifia.

Puis elle fut ponctuée par un grondement sourd. Le sol avait tremblé l'espace d'une seconde. Se retournant, Firmïn appercut les deux géants de l'entrée qui se dirigeaient vers eux. Il jeta un coup d'oeil vers Jagged et constata qu'il était trop occupé à s'amuser entre deux cadavres pour être attentif à l'arrivée des titans. Firmïn afficha un petit sourire et fit mine de perdre son arme suite à un assaut violent. Puis il se laissa volontairement atteindre par un rayon blanc, et cela en plein milieu du ventre, ce qui laissa la voie libre à de sanguinolents boyaux. Il s'écroula lourdement, le même sourire au lèvre, alors que les géants s'approchaient toujours plus.

Tournant sans arrêt son oeil périscopique autour de son axe pour voir l'ensemble du champ de bataille naissant, le robot s'éleva dans les airs de quelques mètres pour éviter plus facilement les coups. Les soldats criaient qu'ils ne comprenaient pas ce qu'il se passaient et qu'ils avaient peur, mais fidèles à leur fonction ils continuaient le combat. 4i@ ne tira pas, du moins pas encore : ses deux compagnons suffiraient à anéantir toute la ville s'il le fallait.

Firmïn passa à côté de lui, s'élevant puis retombant au sol, armé d'une vieillerie, ce qui suscita des questions chez le robot pour qui tout problème devait trouver une solution rapide. Ce qui arriva ensuite conforta 4i@ dans son idée : Firmïn des Valombres se fit éventrer. D'en haut, 4i@ lui dit :

- Si vous aviez gardé votre fusil, vous n'en seriez pas là.

Il décida de le laisser agoniser un peu, bien qu'il fût presque certain que cet inhumain personnage ne ressentait pas la douleur. Puis les géants gardiens arrivèrent sur les lieux. C'étaient eux que 4i@ attendait. Il se tourna vers eux.

- Analyse en cours. Hommes génétiquement modifiés. Eléments principaux : Carbone, Hydrogène, Oxygène, Azote. Indice de danger : quatre cent quatorze.

L'analyse terminée, il fit chauffer son canon. Un exemplaire du rayon de la mort universelle, l'arme la plus aboutie que les Axpodéliens, les gens de sa planète, avaient créée. Il ne pouvait empêcher un Jagged de ressusciter bien sûr, mais tout ce qu'il touchait devenait tout noir et mourait dans d'atroces souffrances. Les deux géants ne firent pas exception, et tombèrent, hurlants, dans un grand fracas, écrabouillant Firmïn des Valombres et une vingtaine de guerriers. Il ne restait plus que Jagged, aux prises avec quelques survivants peu confiants...

Jagged s'écarta de sous la chute du deuxième géant. Non qu'il craignît pour sa vie, mais sur les trois il fallait bien au moins un survivant pour ressusciter les deux autres. Et le Lord avait décidé qu'au pire, ce serait lui.
Lorsqu'il se rendit compte que son bon ami Firmïn avait été aplati, il éclata de rire, et cela fit fuir les quelques combattants qui restaient, et même les badauds qui étaient restés assister à ce glorieux combat - ceux-là mêmes qui se pliaient en deux pour vomir, les pauvres.

Constatant la fin du combat et par là même l'ampleur des dégâts, il tourna son anneau pour faire disparaître les corps des deux géants. Et en voyant Firmïn dans cet état, il rit de plus belle encore. Avant de le remettre sur pied, vivant mais toujours plein de sang avec les tripes qui débordent du ventre. S'esclaffant toujours, il lui dit :

- Regardez-vous donc, mon ami. Je vous aurais cru plus vivace en combat ! Que vous est-il donc arrivé ?

Invité

Le corps de Firmïn n'était plus qu'un amassis de chair, un os pointant ça ou là. Le sang rouge de l'humain se mêlait aux flaques bleues. Autour du cadavre, les combats avaient tournés courts.4i@ avait sorti une arme impressionante de puissance et Jagged avait fini le travail dans la joie et la bonne humeur, et c'était dans cette bonne humeur qu'il soulevait maintenant Firmïn, du moins ce qu'il pensait être Firmïn. Quelques part, dans la ville, des sirènes résonnèrent et des cris se firent entendre au loin. C'est alors que Firmïn apparut, ouvrant la porte d'une tour proche.

-J'ai capturé quelques hommes, on pourra leur poser des questions... Oh, et Jagged, lachez donc ce pantin.

Ce que Jagged pensait être Firmïn se désillusionna pour donner les restes du corps d'un des soldats de cette ville. Le déguisement forcé que lui avait offert Firmïn avant de se rendre invisible était parfait, tout en lui reflétait le seigneur de l'Uto -les pouvoirs en moins.

-J'ai jugé nécéssaire d'accélérer les choses. Nous serons tranquile un moment si vous daignez bouger vos fesses pour venir me rejoindre. Ainsi nous aurions un peu de conversation avec les bonnes gens de ce peuple.

Puis il ricana et se retourna pour monter les marches. Au troisième étage, dans une salle retirée de la tour, gisaient trois gardes dont les bras avaient été arrachés et posés dans un coin. Une petite aura magique conférée par l'anneau les retenait en vie, sans pour autant les empêcher de souffrir. Firmïn se tourna vers 4i@, tout sourire.

-Je vous en prie... Sieur enfoiré de robot...

Un soupir d'indignation s'échappa de la calandre du robot.

- "Gens de ce peuple" ! Vous vous répétez, Messire. Les gens et le peuple, c'est stricto sensu la même chose...

Tandis qu'ils montaient les marches, 4i@ continua de marmonner sur la façon dont la langue devait être parlée. Puis il s'arrêta net : il venait de voir ce que Firmïn avait osé faire contre ces pauvres habitants de l'Uto. Sans même faire un geste pour symboliser l'acte, il fit repousser les membres manquants des trois otages, qui se calmèrent un peu.

- Je me doute que vous êtes contre ce que je fais là, dit-il à Firmïn dans la langue de la Fin des Temps, mais cela va leur redonner confiance.

Il s'agissait d'une technique d'interrogation utilisée par les myoklens, la police de la planète dont 4i@ était originaire. On appelait ça "la technique du gentil myoklen et du méchant myoklen". Il fallait maintenant les laisser souffler un peu.

- Braves soldats, dit 4i@ d'une voix suave. Je vous ai guéris pour que vous soyez capables de répondre à nos questions. Elles seront simples et brèves. Si vous y répondez, vous repartirez. Sinon, mon ami ici présent se fera un plaisir de recommencer... J'imagine. Et je ne pourrai pas l'en empêcher. Avez-vous compris ?

Le mystificateur mystifié... Jagged ruminait encore la mauvaise blague - excellente en fait, mais il ne l'admettrait pas - que leur avait fait Firmïn. Mais voir les soldats acquiescer vigoureusement le tira de sa rêverie. Il décida alors d'oublier cela pour un temps et d'expliquer la situation.

- Nous sommes venus perturber la tranquillité de votre ville parce que nous savons quelque chose sur vous.

Les trois types se regardèrent, inquiets. Ils étaient assis par terre, couverts de leur propre sang nouvellement remplacé, tremblants de la douleur rémanente qui parcourait leurs membres.

- Ce quelque chose, c'est que vous êtes en possession d'un dispositif de distorsion spatiotemporelle. Et mon ami robot, ici présent, se trouve dans la nécessité absolue d'en faire l'usage. Ce pourrait être une machine temporelle, ou un disrupteur dimensionnel, ou bien un transducteur subatomique à charge de singularité...

Une lueur - un éclair ! - de compréhension traversa le regard de l'un des trois citadins, celui du milieu ; les deux autres n'avaient pas réagi. Jagged s'approcha de lui et se pencha ; ils étaient face à face. Parallèlement, Jagged soupçonnait que 4i@ et Firmïn devaient en ce moment être surpris qu'il ait une telle connaissance du jargon obscur des physiciens. Mais Lord Jagged des Canaries avait plus d'un tour dans sa manche lui aussi. C'était une petite revanche sur la petite supercherie de Firmïn : il la délecta avec toute la passion pour les relations humaines qui le caractérisait.
Plantant plus profondément son regard dans celui de son interlocuteur, Jagged continua.

- Nous voulons seulement l'utiliser, non le subtiliser. Aussi, si vous aviez l'amabilité de bien vouloir nous mener à ce fameux engin transdimensionnel, nous vous en serions tellement reconnaissants qu'il nous prendrait certainement l'envie de ressusciter tous vos concitoyens morts au combat voici quelques minutes. Je vais d'ailleurs, en gage de ma bonne foi, vous prouver sur-le-champ que nous sommes capables d'accomplir de tels miracles.

A peine cette dernière phrase terminée, Jagged se redressa, tira son épée, et d'un coup si rapide que sa lame en fut presque invisible, il le décapita. Le bruit de sa tête roulant sur le plancher était couvert par les hurlements de ses deux compères qui ne pouvaient la quitter des yeux. En voyant sa propre tête tranchée une fois qu'une autre aurait repoussé, l'homme aurait le goût de leur rendre service avec un zèle que peu de gens normaux pouvaient se permettre.

- Firmïn, s'il vous plaît...

Invité

Firmïn regarda froidement le garde perdre la tête, au sens propre, puis jeta un regard amusé sur Jagged, qui lui l'avait surement perdu depuis longtemps au figuré. Puis il entendit la requête et observa un instant le corps sans vie, quoiqu'animé de quelques derniers spasmes. Il leva lentement la main, et la tête se reforma dans un petit nuage de brume rouge. Le garde ouvrit les yeux et apperçut une seconde Firmïn avant de se faire décapiter à nouveau. Les deux gardes avaient dépassé le stade des cris de terreur, ils étaient écrasés par la folie qui se trouvait devant eux. Une autre tête vint supplanter les ancienne, et cette fois le garde eut le reflexe de lever les bras. Firmïn se tourna vers Jagged.

-Sympa votre petit jeu. Mais vous ne les avez pas assez effrayé.
Puis aux gardes, dans leur langue :
-C'est simple, sans votre distordeur spatiotruc, ces gêneurs ne partiront jamais. Vous avez tout l'intérêt du monde à nous aider. Merci de votre attention.

Puis il les projeta contre le mur, depuis lequel avaient poussé trois pieux d'une cinquantaine de centimètres de long, et sur lesquels ils s'empalèrent en hurlant. La petite salle était envahie par les cris et le sang bleu. Firmïn ramena ses jouets en avant, réparra les trous béants creusés dans leurs torses et leur sourit du sourire le plus effrayant qu'un mortel de l'Uto ait été donné de voir.

-Vous aider nous. Rajouta-t-il grossierement avant de les relacher. Les trois gardes se pressèrent d'indiquer la direction des escaliers. Il fallait descendre donc. Passé les renforts qu'ils avaient sans doute reçus, on trouverait peut-être enfin cette maudite porte...

Au prix d'un effort consistant, 4i@ se retint de réprimander Firmïn pour son manque de considération : il fallait maintenir l'efficacité qu'il venait de prouver. Les deux Danseurs commencèrent à descendre l'escalier mais 4i@ resta quelques secondes.

- Veuillez nous suivre, s'il vous plaît, dit-il à celui qui savait où aller.

Traumatisé par le multiple choc qu'il venait de subir, le quidam hocha sa tête hébétée et obtempéra.

Arrivé en bas, 4i@ ne laissa pas le temps à ses deux compagnons de commencer à faire n'importe quoi. Il prit donc les devants, et d'un geste ample, il rendit la vie à tous ceux qu'ils avaient tués. Cela désarma quasiment la relève, qui avait prévu de mettre une sévère dérouillée à ces sanglants intrus. Les soldats étaient maintenant plus de cinq cents, armés jusqu'aux dents, plus une quinzaine de géants, qui tiraient sur un char ce qui semblait être une arme à faisceau de particules.

Les senseurs du robot s'affolèrent. C'était là le prototype qu'ils recherchaient depuis leur arrivée en Uto. Malgré l'excitation qui parcourait en arcs sautillants son cerveau positronique, c'est d'une voix tout à fait mesurée que 4i@prononça les paroles qui firent pousser un soupir de soulagement à Firmïn :

- Cible localisée.

C'est trop tard que 4i@ se rendit compte de son erreur de langue. Tout le monde avait compris ce qu'il venait de dire, et la mésinterprétation de ses propos fit ouvrir le feu à tous les soldats qui le pouvaient, dans un vacarme assourdissant. 4i@ n'évita même pas les tirs, et au contraire se mit devant ses amis pour les protéger, par petits bonds de téléportation bien placés ; son alliage indestructible renvoyait tous les projectiles et absorbait toutes les énergies. Mais cela ne décourageait pas les guerriers qui envoyaient tout ce qu'ils avaient.

Puis on entendit un son étrange, et qui fut si fort qu'un aveugle aurait eu l'impression que les tirs s'étaient arrêtés.

Lors d'un de ses voyages temporels dans le Passé, Jagged avait déjà vu exactement la même arme ; cela se reconnaissait aux réservoirs fluorescents qu'on voyait sur le côté du canon. Il s'agissait de la version laser de ce qu'on appelait une grenade vortex, qui portait un petit réservoir du même type. En explosant, l'engin de guerre créait une micro-singularité dans l'espace proche, envoyant tout ce qui se trouvait dans son rayon d'action dans une autre dimension. Charmant, pensa-t-il tout en admirant le robot exécuter sa danse virevoltante de protection des gens de chair qui pouvaient se défendre par eux-mêmes.

- Quelle vitesse fulgurante, 4i@ ! Vous êtes assurément un guerrier hors pair. Dommage que de nos jours les guerres n'aient plus aucun intérêt.

Il avait voulu dire "plus aucun sens", mais dans le but de taquiner un peu Firmïn, il avait changé d'avis en parlant. Le moment était certes peu opportun pour lancer une polémique, mais c'était paradoxalement ce qui le rendait opportun : Firmïn n'avait pas le temps de débattre sur ce sujet. De la même manière, Jagged n'avait pas plus de temps pour se réjouir de l'inconfort qu'il venait de générer chez son ami ; il revint donc àses moutons.
Jagged ignorait s'il était possible que les conséquences de l'utilisation d'une telle arme puissent mettre fin à son immortalité en le projetant pour toujours dans un univers parallèle carcéroïdal, mais il n'avait nullement envie de réaliser l'expérience pour le vérifier. Heureusement, il avait sur lui un objet qui pouvait le sauver - et lui seul - de ce mauvais pas. Il le sortit discrètement de sa poche et attendit le moment propice pour l'utiliser.

Invité

Les guerres avaient bien plus d'intérêt que cet imbécile ne pouvait bien le croire... Il suffisait de se fixer les mêmes limites que celles induites par cette même guerre. C'en devenait une sorte de jeu très... Attirant. Aussi, Firmïn fut-il presque déçu quand 4i@ dévia tous les lasers. D'un geste de la main, il s'écarta de la protection du robot et cria en entourant le canon à particule d'une bulle rosâtre, bulle protectrice qui l'empêcherait de tirer et de se faire tirer dessus. Une fois cette défense mise en place, Firmïn se fit un devoir de réparer l'erreur qu'avait fait 4i@ en réincarnant tous ces mortels. Une lame dans chaque main, il se téléporta dans la mêlée, se transformant en un tourbillon mortel inconscient...

4i@ s'arrêta de bouger. Son algorithme prévisionnel lui disait qu'il ne fallait aucunement éviter le tir de cette arme monumentale s'il voulait réussir à l'utiliser comme porte. La perspective d'être irradié de la sorte ne l'enchantait pas, mais cela valait toujours mieux que de supporter Firmïn et ses frasques sanglantes plus longtemps.

Le bruit étrange cessa brusquement. Le rayon dimensionnel allait sortir. 4i@ neutralisa la sphère de protection rose de Firmïn pour être touché par le rayon.

Puis un grand éclair bleu submergea les objectifs de 4i@. Le rayon était plus que cela : il s'agissait d'un faisceau de plus de cinq mètres d'épaisseur. Firmïn était loin de la zone d'émission - cette pulsion de mort lui sauverait donc la vie - mais Jagged et le robot allaient être inexorablement aspirés dans un autre espace-temps. Ou dans plusieurs espaces-temps différents...

Lord Jagged des Canaries a écrit:: <Résurrection depuis l'Enfer>

Faisant quelques pas pour dégourdir les jambes de son corps nouvellement créé - et qui par bonheur était à nouveau en un seul morceau - Jagged eut l'oeil attiré par un éclat émergeant d'un tas de débris. Il 'approcha pour mieux voir, ses ailes angéliques traînant négligemment sur le sol. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il put le prendre dans ses mains : l'objet était rond et plat, et émettait une splendide lumière multicolore.

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De l'autre côté , qui ne brillait pas et avait une couleur bleue, un texte intrigant était écrit. ""BERNARD MINET", disait l'inscription.

- Ô émerveillement suprême ! Il faut absolument que je montre cela à mes amis. Leur ravissement sera certainement à la hauteur de mes espérances.

Jagged, cette fois, n'attendit plus. Il exhiba l'objet mystérieux pour se protéger du rayon, et cela projeta un reflet bleu sur tout le monde. L'ensemble des personnes présentes fut alors emporté dans une faille dimensionnelle.

PNJ Universel Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 17/01/2007

La Suite

Jagged ouvrit les yeux, tenant toujours le mystérieux objet devant lui ; lorsqu'il vit ce qui s'était passé, son bras retomba lourdement. Le Cédérom magique alla rouler plus loin.

- 4i@ ? Firmïn ?

Puis il laissa s'échapper un rire à moitié dément. Qu'avait-il fait ? Est-ce que tout le monde était mort ? Il n'y avait plus que les ruines, et lui faisant face à la machine de guerre, inerte.

Bah. Restait à espérer que 4i@ trouve son chemin avant que l'effet Morphaïl ne le ramène à la Fin des Temps. Il avait volontairement omis de préciser ce détail au robot, pour qu'il ne soit pas trop désespéré dans sa mission. Et s'il le fallait, on recréerait Firmïn.

Souriant maintenant, Jagged fit un geste gracieux dans l'air, et disparut de l'Uto.

Invité

Depuis le Donjon d'une citadelle, bien loin en Uto, Abkataer avait les pieds posés sur la table. Il balançait en arrière sur sa chaise, une main tenant son jeu et l'autre une bouteille d'hydromel. Autour de la table, deux humains et une sorte de lézard tenaient eux aussi leur jeu, tous surveillant un joli paquet d'argent et d'or trônant au milieu de la table de jeu. Abkataer sourit en apercevant le flop se dévoiler. Son roi et sa dame y trouvaient leurs égos, lui fournissant ainsi deux paires, et quelles paires ! Les mises suivirent et le butin augmenta. Abkataer regarda à nouveau son jeu pour paraitre peu sûr de lui et failli tomber de sa chaise de surprise. Le roi de coeur qu'il tenait en main affichait maintenant un grand sourire, une hache dans une main et le visage de Firmïn.

-Je ne te dérange pas, j'espère ?

Abkataer jeta ses cartes et recula contre le mur. Il leva les mains face à lui.

-Pardonnez-moi Sire, je... Je ne vous savais pas revenu.

-A qui il parle ce blaireau ?

-Il a des allus, non ?

-La partie est terminée les gars.

Sur-ce, Abkataer sortir ses deux dagues de lancer et les envoya virvolter jusqu'aux gorges des deux humains. Le sang gicla. Le lézard regarda froidement le serviteur de Firmïn et se retourna pour fuir mais se heurta à... Firmïn. Celui-ci affichait toujours son sourire et avait toujours sa hache. Le lézard y perdit la tête.

-Vous vous êtes débarrasser des visiteurs, Sire ?

-Je pense bien. Péparre l'armée, il y a des peuples à raser, au sud Utopique. Je ne suis pas mort pour rien...

Mort ? Il avait dit mort ? Abkataer ne prit pas la peine de récupérer ses gains et fila vers la caserne la plus proche. Firmïn avait l'air d'humeur massacrante. Au sens propre du terme...

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